Actuellement au Québec, il existe 46 ordres professionnels sous la loupe de l’office des professions. Celle-ci a pour fonction de veiller à ce que chaque ordre professionnel assure la protection du public. Le 6 juillet 2016, la ministre Stéphanie Vallée annonçait la mise sous tutelle de l’Ordre des ingénieurs (OIQ) pour une durée indéterminée. Mon ordre professionnel devient donc le premier ordre professionnel à subir cette peine et avec raison. Les propos entendus à la commission Charbonneau ont mis en doute notre profession et le gouvernement a dû agir. L’OIQ compte plus de 61 000 membres, ce qui équivaut à plus du quart des ingénieurs du Canada, ce qui est impressionnant.
Un an plus tard (2017), le projet de loi 98 qui se veut réformer le code des professions de 1973 est déposé. Certains principes consistent en un conseil d’administration « nouveau genre ». Un président pourra maintenant être élu pour un maximum de trois mandats seulement. Le conseil devra aussi compter au moins un membre de 35 ans ou moins. Une formation en éthique et déontologie plus poussé devra être faites par les membres du conseil ainsi que ses membres. Malgré tout, le 17 juillet 2018, le gouvernement continue la mise sous tutelle de l’OIQ et indique que « La mise sous administration sera levée lorsque nous aurons la certitude que l’Ordre continuera de remplir sa mission de protection du public et que le plan de redressement sera complété ». Mais faisons un exercice aujourd’hui et permettons-nous d’aller plus loin.
La vrai protection du publique
Qu’est ce que la protection du publique dont on parle tant. L’article 2.01 du code de déontologie de l’ingénieur est un des articles qui l’explique bien :
2.01. Dans tous les aspects de son travail, l’ingénieur doit respecter ses obligations envers l’homme et tenir compte des conséquences de l’exécution de ses travaux sur l’environnement et sur la vie, la santé et la propriété de toute personne.
Pour exprimer l’idée derrière cet article, utilisons l’exemple de la construction d’un pont. L’ingénieur devra ici respecter l’environnement et la sécurité lors de la construction même si cela engendre des coûts plus dispendieux. Pourtant, le domaine de la construction est basé sur le système du plus bas soumissionnaire alors il y a un risque ici qu’un ingénieur fasse une erreur qu’il soit mal intentionné ou pas dû à cette contrainte. De plus, lorsqu’on parle de la propriété de toutes personnes, on peut parler des fonds publics. Pourtant les entreprises qui engagent des ingénieurs souhaitent faire des profits dans leur modèle d’affaire mais la pression qui sera exercé pour aller chercher ces profits mets l’ingénieur en apparence de conflit d’intérêt (Protéger le public mais encourager à aller chercher des profits pour son employeur). Cette situation s’applique particulièrement lorsqu’une entreprise privée (Recherche le profit) fait affaire avec le gouvernement (Possède les fonds publics).
Un code de déontologie souhaite toujours la protection du publique mais ce n’est pas toujours le cas pour une loi alors je crois qu’un code de déontologie devrait primer sur la loi.
Si on va plus loin avec cet article du code de déontologie, que dire de l’ingénieur qui travaille pour une compagnie d’armement et qui fabrique des armes, il est clairement en apparence de conflit d’intérêt car fabriquer des armes ne protège pas le public. Avec les recherches que j’ai faites dans les dernières années, j’ai appris que la loi prime sur les codes de déontologies alors si une loi permet de déroger à son code, la loi à préséance. Comment un ingénieur peut alors respecter son code de déontologie si une loi permet d’y déroger. Un code de déontologie souhaite toujours la protection du publique mais ce n’est pas toujours le cas pour une loi alors je crois qu’un code de déontologie devrait primer sur la loi.
L’employeur redéfini
Lorsqu’un ingénieur est engagé par une entreprise privée ou publique, celui-ci devient en quelque sorte redevable envers son employeur. Si il souhaite obtenir une promotion et souhaite obtenir plus de responsabilité dans l’entreprise, une certaine forme d’appartenance va s’établir. Pourtant, je crois que la profession ainsi que la protection du public doit demeurer en tout temps en avant de ses ambitions de carrière. Pour ce faire, il faudrait à mon avis que le véritable employeur de l’ingénieur devient son ordre professionnel. Un peu comme les syndicats des travailleurs de la construction, les besoins d’ingénieur en entreprises sont variable en fonction du temps et des besoins et représente aussi un certain coût en entreprises. Si l’ordre des ingénieurs pourrait d’une certaine façon placer ses ingénieurs dans différentes entreprise selon différent mandat, l’ingénieur qui serait en fonction honorerait toujours sa profession et son métier peu importe le mandat qu’on lui donnerait. Il s’assure de la protection du publique dans son entreprise et l’OIQ reste un support en cas de conflit envers l’employeur qui l’engage. Il est vrai que la situation dans les organisations a changé dans les dernières années suite à la commission Charbonneau mais dans 50 ans, si rien n’évolue, la même problématique pourrait revenir.
L’intelligence collective
L’intelligence collective est tellement plus forte que l’intelligence d’un seul individu. L’ensemble des membres d’un ordre professionnel a tellement plus à apporter qu’un seul individu et ces ordres professionnels deviendraient alors une force pour la société dans un monde en constante évolution. Les défis de la mondialisation doit être relevé de front et les ordres professionnel sont les clés pour relever les défis de demain à mon avis. Les ordres professionnels tout comme les syndicats (Voir mon article du mois de mai sur les syndicats), sont des intelligences collectives fortes en solutions et le gouvernement doit arrêter de penser tout seul de son côté. Pour prendre notre place dans le monde de demain, c’est notre collectivité innovante qui permettra de se démarquer face aux géants Américain, Européen et Asiatique. Nous devons prendre notre place et c’est en équipe que nous pourrons démontrer notre longueur d’avance face au monde.
Mulder et Scully
En conclusion, Mulder et Scully ont toujours l’ordre des ingénieurs sous la loupe. Le plan ING2020 présenté par l’OIQ semble être un bon plan. Mais c’est un plan qui est amené dans un système qui est déjà essoufflé et qui date de près de cinquante ans. Les gens derrière ce plan sont pleins de bonne intention mais je crains que ce soit une solution à court terme qui aurait un effet positif sur seulement une dizaine d’année. Je crois honnêtement que les éléments mentionné ici haut pourraient fonctionner dans le domaine de la construction. Il ne faut pas nécessairement l’appliquer à chaque type de génie car il en existe plusieurs. Il ne faut pas non plus le généraliser aux autres professions mais cela pourrait être exploré. Pour ce qui est du domaine de la construction, pourquoi pelleter un problème par en avant alors qu’on devrait régler le problème au fond des choses. Ah, j’imagine que c’est encore l’homme à la cigarette qui est derrière tout ça (Référence : Au frontière du Réel – The X-files).